Bien que les habitants du nord et de l’est de la Syrie n’aient jamais attaqué la Turquie, Ankara mène une guerre implacable contre l’autonomie kurde. Les tirs d’artillerie ne laissent aucun répit à la population. Des drones tuent sans avertissement depuis les airs. Des bombes tombent sur les centrales électriques, les écoles et les hôpitaux. Conséquence : les gens sont privés de soins et sont ainsi contraints de fuir. De nombreuses régions du nord de la Syrie sont occupées et soumises à la tyrannie des milices pro-turques. Que se cache donc derrière cette guerre brutale ?
„Une nouvelle invasion – alors même que le monde est distrait par les guerres en Ukraine et à Gaza – n’est pas exclue“.
Depuis des décennies, la Turquie s’en prend à la population kurde. Ankara considère la souveraineté et l’autonomie kurde comme une menace, tant sur son propre territoire que dans le nord et l’est de la Syrie. Les drones et les attaques aériennes turcs y tuent régulièrement des politicien.nes et des civils. Les attaques ne touchent pas seulement la population kurde, mais aussi les Arabes, les chrétiens, les Yézidis et d’autres minorités.
Au cours des dernières années, l’armée turque a déjà occupé une grande partie du nord de la Syrie lors de trois offensives terrestres. Une nouvelle invasion n’est pas exclue, notamment car le monde est distrait par les guerres en Ukraine et à Gaza. Erdoğan a récemment déclaré à plusieurs reprises vouloir „nettoyer“ le nord de la Syrie des „terroristes“. Cette menace s’adresse à l’ensemble de l’administration autonome : elle doit céder la place à une „zone de protection“ contrôlée par la Turquie à la frontière turco-syrienne.
Ce que cela signifie concrètement pour les habitants sur place se voit dans le canton d’Afrin occupé par la Turquie. Alors que plus de 90 % de Kurdes vivaient dans la région avant l’invasion de 2018, ils sont actuellement moins de 25 %. Les milices pro-turques pillent, enlèvent, assassinent et violent en toute impunité dans la région occupée.
En 2023, la Turquie a intensifié ses attaques. Les frappes aériennes ont détruit les infrastructures civiles et de larges pans de l’approvisionnement énergétique, laissant des centaines de milliers de personnes sans électricité ni possibilité de se chauffer ou de cuisiner. Cette „guerre de basse intensité“ affecte la vie de toute une société.
La Turquie, membre de l’OTAN, est soutenue par l’alliance militaire occidentale. Les exportations d’armes de l’Allemagne, de la France, de la Suède, de l’Espagne et du Danemark, mais aussi la collaboration avec le groupe d’armement européen Airbus, en sont la preuve. La technologie européenne se trouve dans les drones meurtriers de la Turquie.
La guerre de la Turquie dans le nord et l’est de la Syrie est donc une guerre contre les populations qui y vivent. Mais c’est aussi une guerre contre une idée politique. L’autogestion en tant qu’alternative démocratique au patriarcat et à l’État-nation doit être détruite.